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Notre association a reçu un « Prix Franz Stock 2024 » de la part du « Centre International Franz Stock – Chartres » , fonds de dotation créé en 2010 par des membres dissidents des Amis de Franz Stock.
On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par Stéphane Chmelewsky, le mardi 29 novembre , au séminaire des barbelés, lors de la remise de ce prix.
Monsieur le représentant du Préfet
Monsieur le Maire du Coudray
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs
Madame la Présidente, je suis heureux de vous accueillir dans ce lieu de mémoire que vous avez bien connu lorsque jadis vous étiez membre des Amis de Franz Stock. Vous y venez aujourd’hui me remettre au nom du Centre International Franz Stock le prix Franz Stock 2024. La première des choses qu'il m'incombe de faire est de vous remercier, au nom des Amis de Franz Stock.
L’association que j’ai l’honneur de présider est le quatrième récipiendaire du prix Franz Stock. Celui-ci est attribué en 2018 à l'Aide à l'Eglise en Détresse pour la reconstruction du grand séminaire du Christ-Roi du Kasaï en République Démocratique du Congo. En 2019 il va aux Missions Etrangères de Paris pour la construction d'une église dans le Mondolkiri au Cambodge. Enfin en 2022, il a été décerné à la communauté des Prémontrés de Sainte-Foy de Conques qui est engagée au service de la libération des captifs sur tous les continents. Je me réjouis qu’en 2024 votre regard se soit porté sur le Coudray.
Je lis sur votre site internet que « ce prix est destiné à poursuivre le témoignage de Franz Stock dans des contextes différents selon des modalités nouvelles mais avec toujours le même engagement en faveur d'un accompagnement de l'humanité souffrante, avec la même volonté de reconstruire une civilisation blessée par la violence aveugle sur des bases plus solides de fraternité évangélique ». Cette ambition est tout à fait noble, et nous la partageons depuis 1963 avec les diverses associations qui se sont succédées des deux côtés du Rhin pour promouvoir la mémoire de Franz Stock.
Les souffrances bien réelles que vous avez contribué à soulager au nom de Franz Stock ne peuvent, à l’évidence, être comparées à celles qu’inflige à notre budget l’accroissement des taxes foncières qui frappent le bâtiment dans lequel nous nous trouvons. Sa surface de 1357 mètres carrés avait été paradoxalement un des critères de son choix par nos autorités civiles et militaires, fin 1945, pour abriter ceux d'entre les prisonniers de guerre qui souhaitaient commencer ou poursuivre des études de théologie. Le regretté Hubert Briand, véritable découvreur du séminaire des barbelés, ne pouvait se douter que la conservation de ce bâtiment acheté pour un franc symbolique aux Armées poserait un jour ce problème-là.
Je ne souligne pas cette réalité pour m'en plaindre ni, vous vous en doutez, pour attendrir l'administration fiscale ; mais elle illustre la différence entre les méthodes et les champs d’action respectifs de notre association et de votre Fonds de dotation pour parvenir au même objectif. La priorité que vous accordez aux victimes des conflits actuels, sur des continents bien éloignés du nôtre, en les invitant à s’inspirer d’une figure vieille d’un siècle, dans un contexte civilisationnel tout à fait différent, n’est pas celle que nous avons choisie.
Pour ce qui nous concerne, aux Amis de Franz Stock -en parfaite harmonie avec notre association sœur allemande le Franz Stock Komite de Neheim-, nous estimons que l’urgent et l’essentiel se concentrent plutôt sur les deux rives du Rhin. C'est là que nous assumons la difficile défense et la promotion de la figure de Franz Stock dans le monde d'aujourd'hui, tel qu'il est. Cela passe par de nombreuses conférences aux quatre coins du pays, par la participation aux émissions des chaînes de télévision qui veulent bien s'intéresser au sujet, par nos interventions chaque fois qu’il s’installe une distorsion entre la réalité historique telle qu'elle nous est apparue et la présentation qui est faite de Franz Stock. Ces actions n’auraient aucun effet si elles ne s’appuyaient pas sur un patient et minutieux travail de recherche ; la publication, sous la direction de feu Jean-Pierre Guérend des Carnets de guerre de Franz Stock dont la deuxième édition est en cours, en est le meilleur exemple. Celle-ci a permis l'introduction définitive de ce prêtre donné à Dieu et aux hommes dans la sphère des débats intellectuels qui ont cours dans notre pays. Enfin faut-il rappeler que nous nous efforçons de répondre aux questions que nous pose l’Archevêché de Paderborn sur la vie de Franz Stock, dans le cadre de l’instruction, qui pourrait être relancée, de son procès en béatification.
Notre inspiration, nous la trouvons certes au Mont-Valérien, dont la gestion est assurée par l’ONAC-VG, mais principalement au séminaire des barbelés qu’Isabelle Knosp, aidée de son équipe, animée d'une énergie inlassable, fait visiter bon an mal an, à 5000 visiteurs, dont beaucoup de jeunes gens. C'est par là que passe la véritable irrigation de la mémoire de Franz Stock. Elle confère à notre association une expérience irremplaçable sur la façon de faire percevoir à un auditoire moderne la grandeur et la complexité de la vie de Franz Stock. C’est sur cette assurance que se fonde notre espoir de réaliser, dans un avenir plus ou moins proche, une muséographie appropriée.
Tout ceci constitue, si je puis me permettre, le cambouis dans lequel les Amis de Franz Stock sont plongés en permanence. L’agitation politique en France, les relations franco-allemandes à l’épreuve des conflits qui ont commencé en Europe, les commémorations liées au quatre-vingtième anniversaire de la fin des hostilités, forment un contexte particulièrement compliqué dont aucune des composantes ne saurait être exclue ni ignorée.
Merci au Centre International Franz Stock de l’avoir pris en compte. L’argent du quatrième prix Franz Stock, même s’il va au Trésor Public, car c’est là qu’il ira, contribuera au moins aussi brillamment que les précédents prix à perpétuer l’exemple et la mémoire de Franz Stock.
Stéphane Chmelewsky